8 travaux photographiques. Photographie analogique et impression lambda. Dimensions variables.
Document photographique :
© Jorge Branmayer
Des artistes tels que Bosch, Caravaggio et Vermeer ont su dépeindre dans leurs tableaux les luttes intérieures des hommes de leur temps. Par des gestes symboliques subtils, des figures allégoriques ou des messages cryptiques, ils ont pu établir des lectures moralisatrices sur la société, le pouvoir ou les traditions. Quelques siècles plus tard, un créateur de Lautaro retravaillera ces peintures iconiques pour montrer, de manière claire et directe, la corruption de l'humanité.
Avec les huit photographies qui composent cette série, l'artiste joue avec l'illusion d'élaborer sa propre aile du Louvre. Elles sont exposées dans des couloirs aménagés, avec des pochoirs imitant ceux des grandes galeries d'art, et encadrées de moulures baroques. Et ce que chaque cliché montre, en format analogique, ce sont des dioramas réalisés au préalable avec des matériaux de récupération, des objets trouvés et des jouets abandonnés. Une esthétique élaborée avec l'imperfection des formes, montrant la pièce et le remède, insistant sur l'irréalité des récits, bien que la base conceptuelle soit les événements qui sortent des journaux et des bandes d'actualité que nous voyons tous les jours.
Les scènes comprennent des attaques divines contre des mortels, la reconstitution par Joe Rosenthal du lever du drapeau américain à Iwo Jima - le drapeau américain étant remplacé par le logo de McDonald's -, des attentats à la bombe, des couples de sexe différent faisant l'amour, des trains qui déraillent, un footballeur dribblant des têtes coupées, des bouteilles de Coca-Cola, George Bush armé jusqu'aux dents, des églises en feu, le pape fuyant dans la terreur, Vladimir Poutine et Tony Blair dans une orgie, des croisés se battant tandis qu'en arrière-plan, le deuxième avion percute les tours jumelles. Qui a besoin de métaphores au XXIe siècle ?
Texte : Juan José Santos