Le besoin de jouer (2002)

2002 ADDC - Périgueux, Francia.

Jouets d'occasion, restaurés à la main à partir de chutes de bois.

Nous, les adultes, nous oublions de jouer. Et quand nous voulons retrouver le jouet, il est soit à la poubelle, soit cassé. Réparer le jouet perdu, c'est plus que cela. C'est nous redonner le besoin de jouer.

L'aspect autobiographique est, dans cette œuvre, plus présent que jamais. Norton Maza était encore un enfant lorsque sa famille est partie vivre à Cuba. En l'absence de jouets, il fabriquait ses propres objets à partir de bois trouvés, assemblés de manière maladroite mais suffisante. Des décennies plus tard, et avec une expertise de charpentier professionnel, Maza a repris ce manuel de survie pour reconstruire des jouets endommagés, en remplaçant les roues perdues, les bras cassés des Transformers ou les ailes brisées des avions.

Mais il parle aussi des rêves fragmentés de l'enfance. Du petit garçon qui se délecte de la projection d'être un pilote de course, un constructeur de maisons ou le compagnon de Barbie dans son camion rose. Des objectifs inatteignables pour beaucoup, qui ne peuvent être atteints que dans un monde ludique. Malgré cela, il reste le besoin de l'enfant de jouer, l'urgence de réparer le jouet, de préserver cet espace et ce temps où tout est possible. 

Cet affront à l'obsolescence programmée du jouet de l'économie capitaliste nous permet de nous pencher sur le travail de l'artiste lui-même. De son besoin perpétuel de jouer avec les matériaux, avec les contenus et avec les astuces de l'atelier du créateur. Avec la génération d'illusions basées sur des pièces précaires.

Tout commence par le jeu, par le jouet et, dans ce cas, tout se termine ici aussi. La fin retourne au début, en attendant les nouvelles aventures de Norton Maza, un grand garçon qui a besoin de continuer à jouer. Nous, les spectateurs, n'avons-nous pas aussi besoin de jouer et de jouer ?

Texte : Juan José Santos