Une grande construction réalisée sur place à l'échelle réelle qui représente la cuisine d'une grande maison construite avec des déchets obtenus sur place. Dans chaque zone du parcours intérieur et extérieur, des étiquettes avec l'image de référence et des textes poétiques.
Registre photographique
© Norton Maza
Une cuisine en îlot, de grands espaces et toutes sortes d'appareils : micro-ondes, réfrigérateur, hotte aspirante ? Tout est construit et agencé comme dans les magazines de décoration d'intérieur. C'est comme cette cuisine de luxe, sauf que... elle est en carton.
Dans Territory Norton Maza joue le rôle de constructeur et de décorateur de maisons haut de gamme fabriquées à partir de matériaux de rebut. L'imitation de la maison privilégiée dans une version précaire, à l'échelle 1:1, visualise la cruauté des magacines qui montrent les splendides villas des riches. Même dans les rêves de la classe ouvrière, les répliques sont faites de papier et de bois cassé.
Ce projet a été exposé en quatre étapes et dans différents lieux : la cuisine à la Biennale de Pančevo en Serbie, la chambre double à la Biennale Manif d'art au Canada, la chambre du garçon à La Souterraine en France et la chambre de la fille dans la pièce sans mur au Museo Nacional de Bellas Artes au Chili. Dans les différentes phases, les meubles d'imitation sont accompagnés d'une étiquette. Il ne s'agit pas de prix, mais de phrases poétiques qui servent de guide au spectateur pour éviter de se perdre dans le rêve irréalisable de la société capitaliste.
L'imitation d'une maison de première classe sur des surfaces de troisième classe révèle le désir d'imiter l'existence digne de ceux qui sont au-dessus. La biographie de l'artiste nous offre d'autres lectures croisées : sa puberté à Cuba et sa vie d'errance dans différents pays et villes. L'architecture coloniale cubaine, réalisée avec des matières premières pauvres, et la carrière nomade de quelqu'un qui se déplace avec sa maison dans des cartons d'emballage et des valises. Le « territoire » délimité est la présence éphémère, recyclée et temporaire des pays en développement, du prolétariat et de l'artiste qui étudie les conséquences désastreuses de l'inégalité économique.
Texte : Juan José Santos